mardi 26 août 2014

Controverses au sommet

Controverses en montagne


Le 26 juillet (2014) à 15h35, trois népalaises, Pasang Lhamu Sherpa, Dawa Yangzum Sherpa et Maya Sherpa, atteignent le sommet du K2 (8611 mètres tout de même) au Pakistan. Bravo. Elles proclament faire partie de la première équipe totalement féminine à réussir cette ascension.

Dans les journaux népalais, les masques à oxygène n'apparaissent pas, jamais.
Le K2 est considéré comme la montagne la plus difficile au monde. Et l'une des plus dangereuses. L'ascension par la voie normale est très exposée aux chutes de séracs. 376 personnes ont réussi à gravir le K2 et parmi elles, 18 femmes.  C'est peu.
photo prise au petit matin par Dawa Yangzum Sherpa : le fameux bottle-neck, là où tombent les séracs

Le seul problème est que l'organisation et l'ascension par une équipe entièrement féminine est quasi impossible : il y a forcément des porteurs mâles ;  lors de l'assaut final, elles ont fait équipe avec des hommes ; ... Il n'existe à l'heure actuelle qu'une femme particulièrement exigeante sur ces aspects, elle est autrichienne, c'est Gerlinde Kaltenbrunner. Elle a d'ailleurs gravi tous les sommets de plus de 8 000 mètres sans oxygène et sans porteurs d'altitude (jamais entendu parlé ? moi non plus).

La simple discussion sur ce sujet rend les népalais hystériques (pas tous, juste le journal Nepali Times) et tout vexés, accusant les américains de ne pas relayer l'exploit et de mentir sur le sujet. On retrouve finalement la même mécanique que lors de l'avalanche à l'Everest ou lors de l'esclandre toujours à l'Everest : le népalais est très gentil mais extrêmement susceptible (et parfois de mauvaise foi aussi :-) ). Il faut franchement faire attention à ce qui est dit ou écrit.

Cela n'enlève rien au mérite de ces trois népalaises (deux sont diplômées de l'école de guide du Khumbu) : avoir gravi le K2 reste très difficile, surtout pour des femmes népalaises (je n'ose même pas pensé au financement de leurs expéditions...) pour lesquelles les freins culturels et sociétaux sont énormes.

Après, c'est juste une question d'éthique et cela amène la deuxième controverse

Controverse en recherche

En recherche, il est important que les chercheurs publient des articles dans des revues scientifiques. Ces revues sont classées : un article dans la revue Nature a plus d'impact et est mieux classée que le même article dans le journal scientifique de Sartrouville. Avant toute publication, les revues sont corrigées, relues par des pairs qui commentent, interrogent, questionnent les auteurs de l'article pour comprendre comment les données ont été recueillies et traitées. L'objectif est de ne publier que des articles de qualité.

Depuis quelques temps, Patrick constate un gros écart éthique entre la recherche occidentale et orientale (Chine et Inde pour ne pas les nommer). Quelques exemples :
  • Patrick et un autre scientifique doivent relire un article publié par les indiens. Ils rejettent l'article sans laisser la possibilité de le modifier : les données ont été récoltées n'importe comment et analysées sans aucune rigueur ou sens scientifique (si vous voulez, je peux détailler). Un mois plus tard, une autre revue sollicite Patrick pour commenter un article des mêmes indiens. Je vous le donne en mille : c'est le même article sans aucune correction (pourtant ils avaient dit le contraire...) .Tss tss comment faire du temps à tout le monde.
  • autre correction d'article, chinois cette fois. Article intéressant mais il faut apporter quelques modifications et corrections car cela ne "colle" pas bien au niveau des résultats. Aussitôt dit, aussitôt fait. Patrick relit : les résultats sont excellents, que dis-je parfaits ! Intrigué, Patrick creuse un peu et compare les données des deux articles : elles ont été modifiées une par une pour que ça colle ! ah ben c'est sûr, comme ça, ça marche mieux.
  • à l'inverse, Fanny, l'ex-stagiaire de Patrick, a soumis un article dans une revue en ligne où chaque scientifique peut commenter et critiquer du moment qu'il crée un compte (c'est gratuit). Et là, "anonymous-research" - il y a donc bien création de compte - a pondu 11 pages de commentaires assassins et surtout non étayés scientifiquement. C'est la troisième fois que cela arrive à Patrick. Ce sont les indiens une fois encore, pas tous les indiens, juste une équipe qui a du mal avec ce que fait Patrick. Cette fois, Fanny n'a pas eu à répondre : l'éditeur a demandé de ne pas tenir compte du commentaire. Les fois précédentes, Patrick avait passé deux jours pour répondre point par point. Lassant.
Conclusion, l'éthique est un acquis pas encore totalement assimilé en Asie (et en politique ?). C'est bizarre mais ce point est peu évoqué dans les comparatifs internationaux.

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