vendredi 29 mai 2015

Petites rues, lunch et buzz

Hier, en fin de journée, Patrick avait rendez-vous avec Luc à la salle d'escalade (Astrek) de Thamel. Sauf que : Luc a été refoulé par le gardien à l'entrée. De rage, il a enfourché sa bicyclette et sans nous attendre à regagné la maison.

De mon côté, j'étais également à Thamel pour organiser les derniers détails de notre week end à venir à savoir du raft et du kayak sur la Lower Seti avec Elisabeth la fille de Béatrice et Jean-François. Oui, on ne se refuse rien. Bon on a vérifié avant les conditions de sécurité et surtout l'envie des guides de raft de nous emmener plutôt que de s'occuper de leur famille. On aurait eu mauvaise conscience sinon.

Petites rues

L'entrée de Durbar Margh, plus très royale maintenant...

J'ai retrouvé Patrick ensuite et, après un jus de fruits frais pressé (rien je vous dis), nous avons bicyletté jusqu'à la maison, en passant par les petites rues du centre ville. Et, là, je dois hélas avoué que les dégâts sont plus importants depuis Dragounet 2. Perso, je vais éviter les petites rues : leurs deux malheureux bâtons pour soutenir toute une façade, j'ai moyen confiance.

A l'entrée de Katmandou Durbar Marg, la place royale

La maison de la Kumari, dont le toit dépasse derrière le temple effondré, est intacte.

La vie normale au milieu des décombres et des bâtiments debout.

Ah ben c'est sûr, comme ça, ça va tenir.

Une fissure du sol au ciel

Petit marché

Que vais-je acheter pour ma puja pour calmer les Dieux ?

Tournée des ambassades

Quel emploi du temps mondain ma bonne dame ! Hier, la résidence de l'ambassadeur de Suisse pour un déjeuner d'Adieu : Béatrice quitte le Népal fin juin. Snif. Et ce soir, ce sera un cocktail à l'ambassade de France pour fêter la fin de Dragounet (enfin, on espère).

Alors, nous nous sommes régalés hier (pression sur la France maintenant) et nous avons papoté comme des fous et nous avons eu nos moments d'émotion.
Esther nous accueillait chez elle (et son mari mais lui était au travail)


Patty, depuis 26 ans au Népal, et Élisabeth la fille de Béatrice

Béatrice, dans les cartons en ce moment.

apéritif.

François, l'acupuncteur français et seul homme de la table

Magnifique table

Notre cuisinière du jour

Séquence photo dans le jardin avec Esther, Béatrice et Marie

Petit bassin bucolique.

Un peu de sciences

Jo, le collègue de Patrick a publié un article (auquel Patrick a collaboré) et cela fait le buzz dans la presse depuis le début de la semaine. Depuis, Jo réponds à des journalistes qui s'affolent.

Selon le pire des scénarios de réchauffement climatique, et en fonction des données actuellement connues, et en fonction du modèle de données qu'il a développé (en clair, beaucoup de si), 70% des glaciers himalayens pourraient disparaître d'ici à 2100.

Patrick va devoir préparer sa réponse pour les séances projection de l'été :-)

Patrick m'a transmis les liens vers les articles en ligne à aujourd’hui : il y en a des tonnes (84 seulement). Je vous en mets quelques uns pour les anglophones curieux.



Pleased to share below a list of media coverage on EGU Press Release ‘Glacier changes at the top of the world - Over 70% of glacier volume in Everest region could be lost by 2100’  issued on 27 May. The list is as of 28 May 2015.

Total: 84

Most glaciers in Mount Everest area will disappear with climate change – study
John Vidal, The Guardian
27 May 2015

Most glaciers in Mount Everest area will disappear with climate change – study
Rawstory, The Guardian, 27 May 2015

Glacier changes at the top of the world: Over 70 percent of glacier volume in Everest region could be lost by 2100
Phys.org, 27 May 2015

Dibas, pas de nouvelles mais un compte qui se remplit


 Dibas doit toujours être dans son village car nous n'avons pas reçu de mail. Bon, entre le suivi de la construction des abris et des nouvelles salles de classe de l'école, il a de quoi être occupé.

Pendant ce temps, de notre côté, nous réceptionnons l'argent sur notre compte en France :
  • 22 881.43 euros soit 2 601 618.59 roupies népalaises
  • 260.16 cabanes (le virgule seize représente déjà quelques Dal Bhat)
  • 260 familles à l'abri de la mousson

Et nous allons le chercher à la banque ce qui prends du temps. Rappelez-vous :
  • avant d'aller à Borlang, je vais à la banque pour récupérer les deux virements. Makash, un seul est arrivé.
  • je retourne à la banque mardi. Toujours pas arrivé. Mince ! et il faut verser de l'argent à un autre ami (Gyalbu) de la part de Pauline et Aymeric. Pas de souci, nous utiliserons notre CB française. Ben oui, il a perdu beaucoup de membres de sa famille et son outil de travail, nous n'allons pas le faire cavaler sans cesse de son camps de réfugiés à la maison.
  • mercredi, appel de la banque : "c'est quoi tout cet argent sur votre compte ? pour quoi faire ?" Patrick remplit les documents à ICIMOD et me donne de passer à la banque le jeudi.
  • jeudi matin, je passe à la banque. Le compte n'est pas approvisionné : Icimod n'a pas transmis le document. Je le remplis à nouveau mais le compte sera crédité plus tard.
  • jeudi soir, appel de Patrick. "la banque vient de me dire que tu avais retiré l'argent". Même pas vrai. Je raccroche. Appel de la banque : "vous pouvez venir retirer votre argent" Je me suis précipitée avant qu'ils ne changent d'avis. François, l'acupuncteur, c'est fait clôturer un compte en devise sans être prévenu. 
  • Nous voilà riches ! Place au raft ! Meuh non, on ne va pas tout dépenser... On en garde pour Dibas. Mais il faudra que j'y retourne... j'aime.



jeudi 28 mai 2015

De l'eau dans les batteries

A force de solliciter l'invertor (pour avoir de l'électricité même quand le courant de la ville est coupé), les batteries ont commencé à chauffer et nous en avons déduit qu'il fallait ajouter de l'eau. Jo, le collègue canadien de Patrick, qui passait par là, nous a dit où la verser. Ce que nous avons fait.



Hugues nous a grondé toutefois (lui savait mais il était sous la douche le bougre) : il faut mettre de l'eau distillée et non de l'eau à boire (nous n'avions pas été jusqu'à mettre de l'eau du robinet, alors de quoi se plaint-on ?).

Une araignée s'est planquée dans le boitier électrique.

Là je dois aller interviewer Catherine pour le film que nous montons avec Elisabeth. A ce propos (de film j'entends), vous pouvez bloquer la soirée du 3 juillet à Saint Nizier du Moucherotte pour la soirée Népal. Détails à suivre. Et autres dates à suivre aussi.

Nos amis de visa-trekking en association avec Taksindu France Népal. 

Voilà un bref compte rendu de Christian Aubert :



Namasté Valérie,

Notre petite soirée népalaise s'est bien déroulé hier à Fressinières.


Comme l'a dit Régis :" ce fut une soirée partagée, pleine d'énergie commune.


Le Dal Bath fut bon, le yaourt délicieux et les sourires nombreux". Environ 150 personnes présentes pour un résultat de 2 520 € à diviser par 3 soit 840 € pour le projet Dibas Borlang (ma prise de parole, entre autres,  n'a pas dû être trop mauvaise). 
 



Bravo à Visa trekking et à  Taksindu France Népal.

Résultat :  22 460,68 euros pour Dibas et Borlang soit 240 abris environ ! Chapeau bas pour nous tous !


Pour plus de nouvelles, ce sera tout à l'heure sinon je vais être en retard.



mercredi 27 mai 2015

Spécial garagistes

Un petit post de rupture, plus sur la vie quotidienne que sur Dragounet (j'ai peur de vous lasser).

La jeep est tombée en panne, vous le savez. Et nous l'avons emmené dans notre garage habituel car nous avions vu plein de voitures des UN (les Nations Unies) à l'intérieur. Nous avions confiance.

Erreur gravissime ! Car la corruption sévit : pour avoir le contrat  avec les UN, tout garage doit accepter de graisser la patte de trois membres du personnel : le comptable, le chauffeur et j'ai oublié la troisième... tous népalais.

A chaque réparation, la facture sera gonflée et "l'enflure" sera partagée équitablement entre les parties. Sauf le floué bien sûr. Ah ben gloups alors.

Nous avons donc transféré hier la jeep du garage UN vers un garage sans UN, celui du père de Shoki. En voilà quelques images.


Allez, je vous laisse, le montage du film m'appelle. Et en plus, Elisabeth est là pour m'aider à le monter.



lundi 25 mai 2015

Villégiature à Borlang


Dibas ne nous tannait pas mais presque pour que nous allions constater sur place les dégâts de Dragounet (1 et 2). Et, au vu des montants récoltés, nous nous sentions aussi un peu obligés d'aller voir sur place pour constater l'utilisation des picaillons. Bon, on vous rassure, ce n'était pas le bagne non plus.
Le village de Borlang, perché sur sa colline.

Départ le samedi matin en jeep. 

Dans la voiture, Patrick, Benoît, Rashila (la femme de Dibas, qui a perdu sa soeur, son beau-frère et sa nièce lors de Dragounet 1), le frère de Dibas avec sa fille, le chauffeur et moi. Dibas a prévu de rester plus longtemps au village (avec sa femme) et nous précède en moto avec son neveu en passager (ah, le plaisir du voyage les cheveux au vent).


La route est peu parcourue, nous n'avons jamais voyagé aussi vite. En 1h30, nous voilà à la pause déjeuner. Oui, il est 10h30. Les népalais prennent tôt le Dal Bhat du matin. On s'y fait.

Rigolo, dans la salle du restaurant figure de la publicité pour de la plongée sous-marine... à Pokhara ! J'ignorais. Cela semble excitant ça.

Nous quittons la route principale pour nous enfoncer dans les terres, direction plein Nord, le long de la Buri Gandaki, par une piste pas si mauvaise mais presque, surtout sur la fin. La chaleur est intense. Patrick renonce à tout projet de vacances dans le Teraï pour les prochaines semaines. Nous nous liquéfions sur place.

C'est un paysage de collines verdoyantes, des terrasses, des champs de maïs, des rizières, un habitat très dispersé,  des maisons en bon état, des maisons avec fissures, des maisons éboulées... et un peu partout, quand on y prête attention, des bâches. Avec ou sans logo d'ONG. Le logo tend à disparaître avec l'éloignement de la grande route.

Visites et cérémonies


A l'arrivée, un programme de visites et de cérémonies nous attend. Un petit hameau de 26 familles de basse caste pour débuter, en surplomb de la rivière, très bas en altitude. Il fait encore plus chaud. On nous montre les dégâts et les abris qui sont construits ou en cours de construction. Je dois avoir de belles images d'ailleurs de technique de pose de gadoue au sol.

Je ne veux pas quitter les abris de bambous et torchis : il y fait bien meilleur. Donnez-moi un livre et un hamac svp. Non ? Pas possible ?

C'est cool, comme nous venons avec un motif, j'ai le droit de prendre des images de tout. D'habitude, je suis un peu gênée mais là, c'est pour une bonne cause, je fonce. Et Patrick de même.

discussion à côté d'un abri tout frais tout neuf de gadoue
la partie en pierre est effondrée
Le caillou rond n'aime pas les secousses
un abri de tôle temporaire est reconstruit


Un abri existant a été agrandi

La famille vivait ici en attendant la fin des travaux
Bien triste tout ça
A gauche, le comité de visite en reportage
Abri grand luxe en reconstruction
Abri de fortune

On reconnaît plusieurs étapes dans l'abri : celui de fortune fait à l'arrache, l'abri temporaire pour la mousson et puis le reconstruit, modèle luxe avec portes et fenêtres. Et après, quand le sol sera stabilisé, paisible... la vraie reconstruction. Bref, ils en ont pour un moment.

Après avoir bien visité les chantiers, place à la cérémonie de remise des enveloppes.
Chaque famille a le choix entre 10 000 roupies en liquide ou en chèque tiré sur la coopérative (soit environ 90 euros) ou en tôles ondulées (c'est l'équivalent de deux paquets de tôles, soit environ 20 feuilles). Et elles peuvent panacher. Selon le matériel qu'elles sont à même de récupérer sur place.

Pour les cabanes en bois, elles doivent faire appel à un charpentier car, on ne dirait pas, mais c'est assez technique. Et le charpentier réclame un salaire de 1000 roupies par jour (9 euros si j'ai bien suivi). L'argent leur est versé aux femmes une fois les travaux faits pour éviter qu'il ne soit bu (c'est visiblement un problème chez les Dalits hommes).

Ce qui veut dire une longue préparation des enveloppes contenant pour chaque famille ce qui lui est dû. La calculatrice est de sortie, tout comme les liasses de billets. Qui dit cérémonie dit aussi discours : il y aura celui de Chitra, le directeur de l'école et de la coopérative, celui de Dibas et - le plus attendu de tous bien sûr - celui de Patrick en népalais. Il a été filmé. Il y aura des preuves.

Et ensuite la remise des enveloppes en main propre, les miennes, avec courbettes et Namasté. On rigole mais cela fait tout drôle de voir ces familles pour qui cet argent représente beaucoup. De quoi reconstruire. Se sentir soutenu. Par des étrangers dont ils ne voient habituellement jamais la trombine. Une séquence émotion.
La cérémonie
Liasse, billets, calculatrice, enveloppes, listes, tout y est.
Préparation sous haute surveillance
Sur le tronc, l'affiche de la coopérative. Le discours de Chitra.
Le petit vieux est attentif à chaque geste.
Les familles que vous aidez à s'abriter.
Discours de Dibas.

Ce sera rebelote visites le soir et rebelote remise d'enveloppes le lendemain à la coopérative, au cœur du village. On me remettra d'ailleurs de jolis reçus comme preuve de la bonne réception de vos sous. D'une partie seulement, j'attends le troisième virement sous peu.

Les familles concernées cette fois étaient plus pauvres et il nous a semblé qu'il y avait un problème mais nous n'avons jamais compris lequel. Elles semblaient moins contentes. A éclaircir quand nous reverrons Dibas si tant est qu'il veuille nous le dire.


Deux reçus pour 11.5 lakhs


Pour la partie anecdote, nous avons dormi sous tente, dans l'enceinte de la coopérative. Dibas nous avait proposé d'aller dans le dortoir familial (19 personnes sous des bâches et moustiquaires dont la grand-mère de 95 ans) mais nous avons préféré garder notre indépendance.

Le repas - Dal Bhat - sous bâche également, la maison des parents de Dibas est détruite mais ils n'ont pas encore reconstruit ni fait d'abris temporaires : ils ne font pas partie des priorités. Honnêtes non ?

Depuis que le frère de Dibas s'est cassé la jambe lors d'une réplique (il cherchait des affaires dans la maison et a préféré sauter par la fenêtre du premier), toute la famille a la frousse et préfère vivre dehors. Comme l'immense majorité des habitants du village.

Avant de partir, nous avons fait un peu de tourisme à la fontaine du village. Une fontaine vieille de plus de 200 ans qui fournit de l'eau de source a tout le haut du village. Elle est stockée et pompée en haut du village pour desservir les maisons ensuite. Mais les habitants préfèrent la prendre à la source même, pour la boire.
Les dégâts sont très variables selon la qualité des matériaux utilisés et selon l'orientation et le type de terrain.

A gauche, la maison des parents de Dibas ; à droite, sa grand-mère de 95 ans. Toujours vaillante, elle.

Les Dalits du cœur du village attendent la cérémonie.

Des enfants d'une famille Dalit. On n'a pas bien compris mais il y a des orphelins dans le lot.

La fontaine, lieu de lessive et de jeu...

Source d'eau pure. Idéal pour se laver aussi, un peu public toutefois.

Entre les cérémonies et les discours et les visites et les repas et ..., le temps s'écoule doucement. Benoît n'était pas fâché de prendre la jeep pour rentrer. Il avait la possibilité de rester une semaine pour participer à la reconstruction de l'école. Il a décliné. Les deux jours passés là-bas lui ont fait craindre de ne pas travailler mais plutôt de passer sa journée à regarder et à prendre le thé. Il a préféré aller aider Niraj et ses amis à la construction de maisons en bambous à côté de KTM.

 Au total, compte tenu de ce que vous avez déjà donné, Dibas et la coopérative vont pouvoir aider les 300 familles prévues au départ. Si les dons continuent d'affluer ainsi, et bien, le projet sera étendu aux villages alentours. C'est fantastique ! Bravo à vous ! Bravo pour cette confiance.