Gilles Marcaud est un guide de haute montagne qui vient au Népal depuis plus de 25 ans. Il était dans la région de l'Everest après le tremblement de terre. Il le relate très bien dans son blog Sur les traces d'un guide.
Mais ce qui a retenu mon attention, ce sont ses mots de colère sur l'aide au Népal. J'ai son autorisation pour vous les transmettre. Après promis, je mets des bonnes nouvelles.
L'aide commence à arriver partout selon en fonction des facilités d'accès, bien sûr, mais cela progresse. Elle est fortement ralentie dans les zones soumises au glissement de terrain comme vers Okaldungha. On estime que l'aide alimentaire a atteint à ce jour 1.2 millions de personnes.
Concernant les agences, je souhaite souligner que certaines font un travail d'aide remarquable. Je peux citer notamment Catherine avec GST et Christophe avec Azimut Népal. Donc tout n'est pas perdu dans le monde des agences.
Enfin, deux initiatives à souligner :
Un groupe de népalais, entièrement privé, conscient du risque pesant sur le pays, avait commencé la cartographie du pays. Depuis Dragounet, ils sont passés à la vitesse supérieure. C'est basé sur le volontariat. Chacun peut renseigner la carte et ajouter des données, aider à identifier les buildings à risques, les routes bloquées... et ces cartes sont ensuite mises à disposition de qui veut.
Leur dernier rapport : http://kathmandulivinglabs.org/blog/nepal-earthquake-report-from-kll-situation-room-may-17/
Ils se sont donné trois missions :
Si tout va bien, nous devrions y aller avec Patrick ce WE pour constater l'avancée des travaux et rencontrer les villageois.
Et, là, je vais vous laisser car j'ai rendez-vous avec Deepa, la prof de népalais de Patrick, pour visiter son camp de réfugiés (là où elle vit, à côté de l'aéroport). 500 familles et pas de toilettes. Gloups. Je vous raconterai.
Mais ce qui a retenu mon attention, ce sont ses mots de colère sur l'aide au Népal. J'ai son autorisation pour vous les transmettre. Après promis, je mets des bonnes nouvelles.
Le premier mail, pas trop énervé
Chers tous,
Depuis le 25 Avril, date du tremblement de terre au Népal, j'ai reçu de très nombreux messages d'amitiés souvent accompagnés de demandes concernant l'aide à apporter en dehors des grandes organisations connues et reconnues.J'aimerais ici vous remercier pour vos soutiens et pour votre générosité à participer à des actions charitables en direction du Népal et surtout pour la confiance que vous me manifestez en vous tournant vers moi. [il s'exprime mieux que moi]Il est évident que l'on ne peut pas rester indifférent devant une telle catastrophe qui affecte un pays et une population à nul autre pareil dont le capital de sympathie qu'ils développent à travers le monde est à la hauteur de ses plus hautes montagnes.Dans le cadre des trekkings et expéditions que l'on a partagés ensemble, nombre d'entre vous ont pu appréhender les réalités de ce pays, loin des clichés entretenus dans les magazines spécialisés et autres guides touristiques.Parmi ces réalités, l'aide et l'assistance étrangère qui maintiennent le pays sous perfusion depuis presque quarante ans et qui sont devenues l'une des composantes incontournables de l'économie mais aussi (et de façon beaucoup plus préjudiciable) du mode sociétal.S'ajoutant au poids des institutions internationales très présentes au Népal, il existe des dizaines de milliers d'associations à l'initiative individuelle provenant très souvent d'amoureux du pays et travaillant sur des projets locaux en relation avec leurs contacts noués sur place.Si certaines réussites sont exemplaires, force est de constater que l'ensemble produit des résultats assez décevants si l'on veut bien, par exemple, comparer aujourd'hui le Népal avec la Malaisie qui présentaient tous les deux les mêmes indices économiques et de développements il y a quelques décennies à peine.Mon propos n'est pas de nier la nécessité de l'aide et encore moins l'urgence de l'assistance aux populations en souffrance ni de piétiner l'action indispensable que mènent les diverses organisations charitables mais simplement de prévenir les dangers d'une seconde catastrophe annoncée qui, telle la réplique maléfique du séisme, submerge le pays d'une déferlante de moyens qui au final, je le crains, ne fera que creuser le fossé entre les nantis et les plus démunis.Dans un pays sans gouvernance digne de ce nom, où depuis bien longtemps la corruption a infiltré tous les niveaux de la société et où depuis plus récemment les mafias règnent en maître il est bien évident qu'une grande partie des moyens sera captée par ceux qui en ont la capacité.A noter aussi qu'en Asie, et particulièrement au Népal, la notion de charité prend des contours bien différents de ceux admis dans nos sociétés de traditions et de religions méditerranéennes; celui qui reçoit est redevable à celui qui donne et celui qui donne attend la reconnaissance.J'aimerais aussi témoigner que les médias ont rapporté une version fortement déformée de la réalité. Je viens de lire dans le Monde un titre d'article reprenant un commentaire de notre ministre des Affaires Étrangères, parlant d' "un pays totalement dévasté". A savoir que sur les 75 districts que comporte le Népal, seulement et fort heureusement 5 d'entre eux ont été notablement touchés, laissant intactes toutes les grandes zones de productions agricoles et industrielles qui se situent dans le sud du pays ainsi que la force et la puissance de la capitale.Il y a là de quoi méditer sur la volonté et la capacité d'une nation à se redresser par elle même.Plutôt que de longs développements sur les maladies et remèdes à appliquer au plus attachant des pays, je vous laisse à la lecture en bas de page d'un petit pamphlet envoyé aux personnes concernées il y a une semaine déjà et qui n'a toujours pas été démenti.
Ceci étant dit et pour répondre à la question de départ, je reste concerné par l'action de Solidarité Kang Guru mais aussi par celles de la fondation Yves Pollet-Villard et en relation avec les Amis de Laprak dont vous trouverez les contacts ci-dessous.
Amicalement.Gilles.
Le pamphlet Au pays du trekking.
Au pays du trekking la terre a tremblé laissant sans toit un grand nombre de villageois.Gilles MARCAUD
Au pays du trekking, il y a des centaines d'agences éponymes dont bon nombre de patrons dorment dans les lits douillets des maisons cossues de la capitale.
Aujourd'hui dans ce pays, l'urgence va aux abris de fortune et le gouvernement fait appel à la communauté internationale pour l'envoi de centaines de milliers de tentes.
Loin, très loin du pays du trekking, les grimpeurs et marcheurs au grand cœur répondent à l'appel relayé par leurs amitiés et contacts noués sur place, le plus souvent ceux-là même qui résident dans les demeures aux façades ostentatoires de Bodnath et de Chahabil et par chance épargnées des derniers craquements de la Terre.
Au pays du camping, les dépendances des agences de trekking, telles des cavernes d'Ali Baba, sont remplies de tentes de toutes les couleurs, de toutes formes et de toutes tailles. On les appelle ici, mess tents, kitchen tents, mais aussi member tents. Dans ces locaux, on y trouve aussi des duvets, des matelas, des réchauds, du matériel de cuisine et des bâches en quantité impressionnante, vous m'aurez compris tout ce qui fait l'urgence d'aujourd'hui.
Au pays du trekking, il s'est créé il y a bien longtemps déjà une association professionnelle des opérateurs de trekking qui s'appelle le TAAN. Cette puissante et incontournable organisation qui s'autorise jusqu'à fixer unilatéralement les salaires journaliers des porteurs, au dixième jour après le séisme ne s'est toujours pas mobilisée pour réquisitionner le matériel dont dispose ses membres et qui pourrait sauver des vies en suspend.
Honte au TAAN et à ses riches et puissants dirigeants qui osent faire la mendicité auprès de l'Occident.
J'attends avec impatience un démenti prouvé d'une agence de trekking qui aurait organisé l'envoi sur zone sinistrée de la totalité ou pour le moins de la moitié du matériel d'urgence dont elle dispose afin de lui présenter mes excuses pour ces lignes assassines.
Kathmandu, le 5 Mai 2015.
Commentaires
Au sujet des zones sinistrées, malheureusement, après le deuxième soubresaut, de nouveaux districts ont été affectés. Cela concerne la zone des collines entre Katmandou et Lukla. Mais comme le dit Gilles, la zone agricole du Teraï n'est que très peu affectée.Le second séisme, à l'Est de Katmandou a affecté de nouvelles zones |
Des nouveaux districts ont été déclarés en état d'urgence |
L'aide commence à arriver partout selon en fonction des facilités d'accès, bien sûr, mais cela progresse. Elle est fortement ralentie dans les zones soumises au glissement de terrain comme vers Okaldungha. On estime que l'aide alimentaire a atteint à ce jour 1.2 millions de personnes.
Les zones d'intervention des ONG déclarées (341 tout de même) |
Concernant les agences, je souhaite souligner que certaines font un travail d'aide remarquable. Je peux citer notamment Catherine avec GST et Christophe avec Azimut Népal. Donc tout n'est pas perdu dans le monde des agences.
Enfin, deux initiatives à souligner :
Kathmandu Living Labs, une carte OpenSource
Il existe une organisation Humanitarian OpenStreet Map qui crée des cartes interactives dans les zones à risques (catastrophes naturelles ou autres). Elle a ainsi cartographié Haïti, l'Afrique lors de l'épidémie d'Ebola...Un groupe de népalais, entièrement privé, conscient du risque pesant sur le pays, avait commencé la cartographie du pays. Depuis Dragounet, ils sont passés à la vitesse supérieure. C'est basé sur le volontariat. Chacun peut renseigner la carte et ajouter des données, aider à identifier les buildings à risques, les routes bloquées... et ces cartes sont ensuite mises à disposition de qui veut.
Leur dernier rapport : http://kathmandulivinglabs.org/blog/nepal-earthquake-report-from-kll-situation-room-may-17/
En plein travail avant leur déménagement |
La joyeuse bande de la yellow house
Auparavant, la Yellow House était célèbre pour son marché tous les dimanches. Mais là, fini. C'est remplacé par le travail d'un groupe de volontaires, népalais et étrangers.Ils se sont donné trois missions :
- aller sur le terrain et distribuer de l'aide, soigner... et le faire savoir
- ils renseignent les cartes du Kathmandu Living labs pour se coordonner avec les autres groupes (ce serait ballot que l'aide n'aille qu'à un seul endroit)
- un lieu de rencontre réel et virtuel entre ceux qui ont besoin d'aide et ceux qui peuvent en apporter. C'est par ce biais que Guillaume (il était en mission avec Patrick auparavant) est parti dans une zone sinistrée, accompagner des médecins (et leur porter leurs sacs) et aider à soigner des villageois loin des routes.
Et Dibas ?
16 045 euros ! ça y est les 180 abris sont dépassés. Bravo à tous.Si tout va bien, nous devrions y aller avec Patrick ce WE pour constater l'avancée des travaux et rencontrer les villageois.
Et, là, je vais vous laisser car j'ai rendez-vous avec Deepa, la prof de népalais de Patrick, pour visiter son camp de réfugiés (là où elle vit, à côté de l'aéroport). 500 familles et pas de toilettes. Gloups. Je vous raconterai.
Cest quoi Gilles ces conneries?
RépondreSupprimerToutes les agences que je connais ont donne toutes leurs tentes.
Et en plus les guides et staff qui n ont pas perdu leur maison( tres peu) sont sur le terrain a aider.
Le pays est peu touche??
Du Solu a l okaldunga, de Kavre a Rasuwa et dostrict de Gorkha avec des villages rases a la Tsum des centaines de villages sont devastes.
Comment peut on comparer le Nepal un pays enclave a la Malaisie et ses ports maritimes?
Pour l aide financiere des grosses INGO distribuee sans controle la je suis d accord cest n importe quoi.
Bises qd meme
Catherine