vendredi 15 mai 2015

Parcours du combattant

J'ai hésité également avec "où comment tout mettre en œuvre pour verser le moins d'argent possible". Pour le titre. Explications.

Dans les faubourgs de Godavari

Béatrice vit à Baisapati au Sud de Patan, dans une grande maison avec beaucoup de personnel (ça vient avec la maison, c'est un package). Et, depuis le tremblement de terre (c'est injuste car elle les aidait déjà beaucoup avant), elle s'investit pour leur venir en aide.

Hier, il s'agissait de constater les dégâts dans la maison de son veilleur de nuit dans un village à proximité de Godavari, niché au pied des collines qui entourent Katmandou. Nous sommes partis en jeep (pas la nôtre), avec sa fille Elisabeth et son chauffeur.



là-bas, tout au fond, c'est le village !
Sur la route, les dégâts sont importants : fissures, tas de briques, grandes tours fissurées, camp de fortune, serres transformées en abris... et ils augmentent avec la vétusté des maisons. Quelle pitié ! Toutes les maisons de caractères sont par terre ou endommagées quand celles en béton ont l'air de résister. Quelques tentes d'aide au milieu des maisons craquelées : bien souvent, les népalais veulent rester à côté de leur maison pour surveiller leurs (maigres) possessions.

recyclage de sacs de riz
La bâche est reine
Les tuiles étaient-elles fixées ?

Au moins, on sait qui a fourni la tente !

Les démarches : vade retro bidesi !

La maison du garde a des fissures et a une légère tendance à vouloir s'ouvrir sur l'arrière. Dans cette maison vivent normalement 7 personnes. Elles campent à l'extérieur depuis Dragounet. Béatrice constate les dégâts, Elisabeth prend des photos et nous prenons le thé avant de partir pour les démarches administratives : le gouvernement a promis de l'argent pour chaque maison endommagée / détruite et un accès à des prêts à taux réduits. C'est gentil, ça.

fissure intérieure

campement de fortune

mais la bonne humeur demeure.
Alors la tournée commence. D'abord la municipalité. A plusieurs km de là. Bureau avec trois personnes, deux affairées à remplir des carnets, la dernière... je ne sais pas trop. Et bien, non. Ce n'est pas là, il faut aller dans les bureaux de la police à Godavari. Pas de problème, nous voilà repartis.

Là, le responsable ouvre une armoire, en sort une feuille de papier pliée en quatre, qu'il s'agit d'aller photocopier au petit magasin d'en face. C'est normal, tous les demandeurs doivent le faire. Puis il faut acheter un timbre postal à 10 roupies qui servira de timbre fiscal.
Le buraliste a de quoi s'occuper avec toutes ces demandes de photocopies et de timbres
Retour dans le bureau des policiers. Remplissage du document. Remise au policier qui en échange donne un numéro de téléphone. Celui de l'inspection qu'il faudra appeler demain pour qu'elle vienne contrôler les bâtiments. Elle remettra ensuite un document "pour les personnes concernées" qu'il faudra recopier et apporter à la municipalité qui verra la suite à donner. Très bien.


Le document

C'est ce que la didi a fait dès le premier tremblement de terre, elle attend toujours la visite de l'inspection. Plus embêtant, il semblerait (j'ai bien dit semblerait) que les ingénieurs chargés des visites ont des quotas de maisons détruites / endommagées à ne pas dépasser. Faudrait pas ruiner l'état quand même. Alors officiellement, ils déclarent la maison habitable mais glissent officieusement qu'il vaudrait mieux ne pas y habiter.

Et puis, là, nous sommes proches de Katmandou. Et l'homme de la famille, lettré, est là. Que va-t-il se passer dans les villages isolés ? là où les hommes sont partis travailler à l'étranger ? où le taux d'alphabétisation est moins important ? Je doute de l'aide pécunière qu'ils pourront toucher. Et, hélas, je crois que les népalais en sont eux-mêmes conscients.

Le policier aussi sans doute qui, gentiment mais clairement, nous a dit que c'était inutile de revenir. Les népalais, oui. Les étrangers, non. Même s'ils ont une voiture officielle de l'ambassade de Suisse. ah, d'accord. Désolée de gêner.

Une note positive toutefois dans cette tournée : nous avons croisé des jeunes népalais (accompagnés de deux bidesi) qui sillonnaient les environs à moto. Leur travail : recenser les villages n'ayant encore reçu encore aucune aide pour leur en apporter. Leur organisation : Jai Nepal, sans structure, entièrement basée sur les bonnes volontés. Et ces groupes de jeunes sont nombreux et font un remarquable travail. Bravo les jeunes !

Une autre note positive : le gardien pourra toujours compter sur le soutien de Béatrice et de sa famille pour bâtir un abri temporaire. Il doit faire un devis, préparer un champ et vroum, ça va partir.

Le projet de Dibas : déplacement reporté

13 955 euros aujourd'hui ! Nous flirtons les 14 000 et je suis certaine que nous allons exploser bientôt les 15 000.

Pourquoi tant de certitudes ? parce que Marc et Nathalie ont envoyé un mail à tous leurs contacts hier en relayant le projet. Merci beaucoup d'avoir pris de votre temps sur ce WE de l'ascension pour un tel relais. Et avec des mots persuasifs. Je ne sais pas si nous méritions tant d'honneurs.

Dibas a remis son voyage dans son village au WE prochain. On devrait pouvoir lui remettre encore plus de sous si l'argent voyage vite de compte à compte. Et les routes seront plus sûres. La voiture pas réparée (ne rêvons pas) mais bon. Et plus d'abris construits.

On va en profiter pour aller faire du vélo du côté de Shivapuri ce WE. Oui, avec moi. Avec nuit sous tente. Benoît ne viendra pas, il a une grosse semaine d'exam' qui débute lundi. Et Luc se cherche des décales pour ne pas venir : il a même demandé à accompagner un copain pour aider dans une école népalaise, c'est dire.

J'ai oublié de vous dire : nous avons dégusté il y a deux jours le foie gras de la belle-soeur d'Arielle. ça fait du bien. et c'est rudement bon. Oui, on se gâte, et alors ?










4 commentaires:

  1. Je vous écrit en tant que « voisin » … mais du Vercors ! Lors du premier séisme, j’avais retrouvé votre blog, et les nouvelles « en direct » (bravo pour l'humour en toute circonstance, continuez !). Aujourd'hui le nouveau séisme a durement frappé la région de nos amis népalais dans le Solu, chez qui nous étions l'an dernier avec nos enfants, la famille de sa soeur résident en France. Je vous envoi des nouvelles de cette région qui ne semble pas bénéficier de beaucoup d’aide pour l’instant. Même si nous n’avons pas de photos, les nouvelles qui nous arrivent de là-bas ne sont pas réjouissantes. Les habitations et monastères sont détruits, a priori beaucoup de blessés sans soins. Voici le mail de notre ami ce matin :
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    De: kaji sherpa
    Envoyé: Fri, 15 May 2015 04:46:15 +0200 (CEST)
    Objet: Re: Re : thank you
    thank you mail it is very dificult time for us and furba is safe we
    are safe and father of rinji is deth and many people injured but we
    could not get any help from governmet. all houses and monartris stupa are broken .
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    Les villageois avaient réussi à bricoler la ligne électrique pour charger les portables à tour de rôle. Les gens sont traumatisés là-bas, Kaji disait qu'hier il y avait de l'orage + le grondement du sol qui tremblait lors d'une réplique; les enfants pleurent, bref c'est dur.
    Voilà, c'est juste une petite info dans l’océan de nouvelles bonnes et mauvaises que vous devez recevoir tous les jours, mais pourquoi pas la transmettre à des assoc’ qui iraient dans ces coins.
    Merci pour vos actions sur place, et bon courage.

    Ariane CRISTINI-LANGLAIS

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    1. Bonjour les voisins,
      Je sais que des secours ont déjà atteint le haut Khumbu (http://fpmt.org/nepal-earthquake/relief-sent-to-several-villages-in-upper-solu-khumbu-nepal/).
      Je sais également que les Gorkas, ces fameux militaires népalais, ont un centre sur Jiri et que, de là, ils rayonnent pour aider les communautés alentours.
      En revanche, les accès sont toujours extrêmement compliqués du fait des glissements de terrain et des répliques. Et comme je ne sais pas quel est le village concerné, j'ai du mal à avoir plus de détails.
      Mais la région n'est pas oubliée. Ce sont des zones où certains disposent de relais sur Katmandou.
      Bon courage
      Valérie

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  2. le béton, c'est pas joli joli, mais bon , ça tient mieux visiblement. Coté démarche, quand on voit ça, on se dit que finalement l'administration française brille par sa fluidité :) bizz

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    1. Oui le béton tient mieux s'il est posé avec "expertise". On peut craindre une pénurie de personnel qualifié ensuite pour fabriquer des vrais maisons de maçons.
      Bises

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